Le Conseil fédéral a adopté un projet de réforme de l’AVS visant à stabiliser le financement du premier pilier. La gauche est opposée au recul de l’âge de la retraite pour les femmes, la droite déplore l’absence de solutions aux problèmes structurels de l’AVS. Que pensez-vous de cette proposition?
Je ne connais pas les détails de la réforme de l’AVS mais il est évident qu’une réforme est nécessaire au vu du déséquilibre financier du premier pilier. À propos de l’âge de la retraite: nous autres montagnards sommes habitués à travailler. En période de forte activité, ma belle-mère met encore la main à la pâte du haut de ses 78 ans. Une personne en bonne santé souhaite continuer à travailler et à jouer un rôle après 65 ans. Bien sûr, à cet âge on n’est plus aussi performant qu’une personne de 40 ans, mais en tant qu’entrepreneur cela ne compte pas pour moi. J’apprécie beaucoup les personnes d’un certain âge dans mon entourage. Pour beaucoup de jeunes, il est souvent plus important de profiter de son temps libre que de venir aider au pied levé à l’occasion d’une journée compliquée. La volonté d’aider est nettement plus présente chez les collaborateurs plus âgés. Malheureusement, embaucher des collaborateurs âgés n’est pas intéressant financièrement aujourd’hui car les coûts liés sont plus élevés, les cotisations à la caisse de pension par exemple. La politique doit revoir sa copie et rendre les personnes d’un certain âge plus attrayantes pour le marché du travail. Leur savoir-faire et leur mentalité justifient pleinement une embauche.
Que pensez-vous de la hausse à 65 ans de l’âge de la retraite pour les femmes?
On parle toujours d’égalité de traitement et d’égalité entre les hommes et les femmes. C’est une bonne chose et cela doit s’appliquer de façon cohérente dans tous les domaines. Il est donc logique et impératif selon moi que l’âge de départ à la retraite soit le même pour les hommes et les femmes.
Le Conseil fédéral a également présenté la réforme du deuxième pilier, qui prévoit un abaissement du taux de conversion de 6,8 à 6,0%. Les pertes de rente qui en résulteront doivent être compensées via un supplément de rente financé par les cotisations salariales. Est-ce la bonne solution?
Sur cette question, je partage clairement l’avis des partis bourgeois qui rejettent le supplément de rente financé par les cotisations salariales car il ne correspond pas au système du deuxième pilier. Le deuxième pilier doit rester une assurance individuelle, il n’y a pas besoin ici de redistribution sur le modèle de l’AVS. Si quelqu’un occupe un poste de cadre et a de plus hauts revenus, il est normal que cette personne perçoive plus à la retraite que quelqu’un qui occupait une fonction moins exigeante, avec une journée de huit heures et moins de responsabilités.
Faut-il impliquer les bénéficiaires de rente dans l’assainissement du deuxième pilier ou est-il tabou de toucher aux droits à la rente acquis?
Une personne qui a cotisé et alimenté le système pendant des années doit assurément pouvoir compter sur une certaine rente. Les retraités ne doivent pas endosser le risque entrepreneurial de la caisse de pension. C’est comme si je réduisais le salaire de mon chef de cuisine lorsque les affaires marchent mal.
Que peuvent faire les caisses de pension selon vous pour éviter que, malgré la crise du coronavirus, la croissance démographique et des taux d’intérêt proches de zéro, le deuxième e n’aille droit dans le mur?
Je ne suis pas un spécialiste à même de donner des conseils aux caisses de pension mais il faudrait peut-être avoir une approche plus fondamentale du sujet: l’année dernière encore, les Bourses ont atteint des niveaux inattendus, ce dont les caisses de pension ont également profité. Aujourd’hui tout a changé et la récession qui s’annonce réveille les craintes. Aux beaux jours succèdent des temps plus durs. Il ne nous reste plus qu’à apprendre de la vie: il y a toujours des hauts et des bas.
