La pandémie de coronavirus l’a montré: la santé mentale est essentielle pour préserver la qualité de vie, l’autonomie et la capacité de travail. Selon l’étude Swiss Corona Stress Study (De Quervain, Aerni, Amini, Bentz, Coynel & Gerhards, 2021) de novembre 2021, environ 19% des Suisses et Suissesses souffrent «actuellement de symptômes dépressifs moyens à sévères». Près d’une personne sur cinq souffre de difficultés de concentration, d’un sentiment d’inutilité, d’une estime de soi fragile ainsi que de difficultés d’endormissement et d’insomnie. Les résultats de l’étude tracent une raide courbe vers le haut. Et les jeunes sont les plus touchés. Les «symptômes dépressifs graves» sont les plus fréquents dans le groupe des 14 à 24 ans (soit 33% des personnes interrogées).
La recherche des causes montre que la pression sous-jacente est le facteur de pression le plus important pour les élèves, étudiantes et étudiants interrogés. Un indice important pour la gestion générale du stress: nous avons tendance à associer inconsciemment les exigences externes à nos propres attentes. La gestion actuelle de la santé en entreprise (GSE) est donc axée sur la création et la préservation de ressources individuelles et interpersonnelles destinées à la gestion du stress.
Une jeune génération à l’étroit
La génération z, c’est-à-dire les personnes âgées de 10 à 25 ans, représente aujourd’hui environ 40% de la population mondiale. Il s’agit de la première génération ayant grandi intégralement à une époque d’innovation technologique rapide et de connectivité mondiale immersive. Cette génération est également marquée par un mélange élevé de thèmes personnels et globaux omniprésent.
L’actualité mondiale (le changement climatique, la pandémie, la guerre et le système de crédit social) suscite chez la génération z un fort désir de se hisser au sommet, de faire bouger les choses et de s’engager activement pour un avenir positif (Deloitte, 2022). Des récits confus dans les médias, combinés à des inquiétudes sous-jacentes et à des impressions de désarroi au sein du cercle familial et amical suscitent un sentiment généralisé de solitude et de pression constante. Au vu des nombreuses incertitudes et de la multitude de possibilités, la génération z éprouve de grandes difficultés à s’orienter, à prendre des décisions ou à trouver de manière générale un fil conducteur. Il existe un spectre de valeurs parfois polarisant avec lequel il est difficile de naviguer.
Les conséquences forcent certaines personnes à éviter les conflits de manière chronique, à ne pas voir le bien-fondé des choses, à céder à la léthargie, voire à la dépression. Les positions extrêmes et l’activisme obsessionnel pour «ce qui est bien et ce qui est juste» sont également fréquents. Afin de promouvoir durablement la santé mentale de la jeune génération, l’accent est mis sur les aides à l’orientation et à la prise de décision ainsi que sur la sensibilisation aux besoins et souhaits réels de chacune et chacun sous le signe d’une motivation intrinsèque saine. La formation aux compétences d’auto-discernement et la sensibilisation aux thèmes pertinents pour le burnout gagnent en importance dans le cadre de la «tâche de gestion Santé».
Nouvelles valeurs: bien-être et work-life-balance
Même si, ou justement parce que la génération z a souvent du mal à se déconnecter ou à s’engager pleinement, elle est très consciente de l’importance fondamentale de la santé pour une qualité de vie élevée. Les jeunes souhaitent un mode de vie équilibré et une bonne work-life-balance (Deloitte, 2022). Davantage que les générations précédentes, ils comprennent parfaitement l’importance centrale de la santé mentale et souhaitent pouvoir parler ouvertement de leurs peurs et inquiétudes. Ils ne veulent pas faire face à ces questions seuls ni se cacher. Partager ses inquiétudes et ses craintes permet de réduire la pression et de soulager tout sentiment de réserve. En pratique, beaucoup s’accrochent souvent de manière inconsciente à des exigences et idéaux élevés envers eux-mêmes, et les véritables causes du stress restent inconnues. Des offres de GSE efficaces et axées sur l’expérience dans le domaine de la santé mentale permettent de promouvoir l’efficacité autonome, l’autosuffisance et la capacité de relaxation. Dans le même temps, l’engagement et l’accent mis sur les collaboratrices et collaborateurs de l’employeur en matière d’image gagnent en visibilité.
Intégration de la génération z
L’une des façons les plus pertinentes de s’épuiser est d’écouter de moins en moins. Préserver l’équilibre entre le monde intérieur et les exigences extérieures semble aujourd’hui utopique. Il est intéressant de noter que les gens se surmènent particulièrement dans des professions thérapeutiques, aidantes et durables. Le fort accent mis sur les résultats, sur la réalisation du potentiel et sur le changement peut avoir pour conséquence que nous remarquons et reconnaissons de moins en moins les limites de notre performance. Nous nous imposons des défis mentaux que notre corps ne peut pas relever. Lorsque nous poursuivons des objectifs irréalistes, nous nous mettons de plus en plus sous pression et devenons spectateurs du carrousel de nos propres pensées. C’est pourquoi la capacité consciente d’autogestion des cadres et des collaboratrices et collaborateurs jouera à l’avenir un rôle encore plus central dans la préservation et l’encouragement de la santé mentale dans la GSE.
Avoir conscience de la pression
Dans leurs relations avec les jeunes, les cadres doivent reconnaître que ceux-ci subissent souvent une forte pression. Elle n’est peut-être pas bien visible ou compréhensible de l’extérieur, et elle ne survient pas forcément dans un contexte personnel. Derrière la maîtrise de soi superficielle, ou l'effet «been there, done that» («je connais déjà»), se cachent souvent de forts sentiments de non-appartenance et d’incompréhension. Beaucoup de jeunes ne savent pas vraiment quoi faire d’eux-mêmes et ne se sentent pas à leur place. Parfois, ils sont même dans l’incapacité de le verbaliser. Pour favoriser un dialogue ouvert, la génération z souhaite des relations ouvertes et respectueuses d’égal à égal, même si les expériences divergent nettement. Elle se définit plus par une image idéale de l’humanité que par des performances passées.
Comprendre l’autorité
Le fort besoin de sécurité et le souhait d’égalité entre hommes et femmes incitent la génération z à s’impliquer dans les processus existants et avec les supérieurs hiérarchiques. La génération z a l’habitude de remettre en question le statu quo et de participer aux débats. Elle a donc besoin de savoir que les figures d’autorité sont dans son camp et qu’elle peut leur faire confiance. Pour cela, il faut de la transparence et un degré élevé de cohérence et de compétence. L’estime et la reconnaissance authentiques ouvrent la voie à un sentiment d’appartenance suffisamment élevé pour permettre à la génération z de s’ouvrir et de vouloir s’impliquer.
Normalisation du conflit
En raison de concepts parfois exagérés de l’idéal humain et d’idées souvent figées des conditions de travail optimales, les comportements conflictuels ont changé chez les jeunes générations. En outre, la disposition à s’engager est nettement plus faible, notamment en raison de la transformation du marché de l’emploi en marché des travailleurs. Par conséquent, on quitte son emploi bien plus facilement qu’avant. Le phénomène du «ghosting» se transpose ainsi au monde du travail. Une culture systématique favorisant la critique et le partage d’opinions est utile pour la génération z. Elle permet d’adopter une attitude ouverte face aux difficultés et aux revers, et de renforcer la résilience naturelle.
Empathie responsable
Dans la phase d’entrée en fonction, les personnes de référence sont centrales pour se sentir bienvenu, impliqué et vu. Peu importe que l’on ait recours à un système de binôme, à des activités et des repas de midi avec les pairs ou à des réunions régulières en tête à tête avec le supérieur ou la supérieure. Ici aussi, montrer un véritable intérêt et former une relation authentique sont décisifs. L’inconvénient est que les membres de l’équipe particulièrement empathiques peuvent se surinvestir dans le but de résoudre tous les problèmes. Afin de préserver un bon rapport de responsabilité individuelle, il est nécessaire d’avoir une perception claire des besoins et limites personnels et de les communiquer, en particulier au sein d’une équipe comptant des collègues plus jeunes.
GSE tournée vers l’avenir: la santé mentale dans les entreprises
A l’avenir, l’attrait des employeurs reposera moins sur des salaires élevés et des équipes performantes, mais davantage sur une raison d’être durable, une culture d’équipe inclusive et une promotion proactive de la santé. La génération z se distingue par une rupture des valeurs face aux modèles de travail établis. Ce n’est pas une tâche facile pour l’employeur, mais celui qui prend au sérieux l’actualité en matière de santé mentale contribue non seulement à garantir la capacité de travail future, mais aussi directement à établir un lien entre santé et performance. La génération z en particulier apprécie cela. La GSE est le catalyseur qui permettra de rapprocher à l’avenir les facteurs humains et économiques.
Notre offre
elipsLife soutient les employeurs par le biais de programmes de sensibilisation spécifiques pour les cadres. Les points de discussion peuvent être les rapports entre stress, travail et santé, l’évolution et le contexte de la spirale du burnout, les possibilités de dépistage précoce et de prévention, le concept de sécurité psychologique au travail ainsi que l’aptitude à cultiver les ressources personnelles et interpersonnelles dans le cadre de la gestion du stress.
Sources
Deloitte, (2022). The mental health of Gen Zs and millennials in the new world of work: Mai 2022.
Deloitte, (2022). The Deloitte Global 2022 Gen Z and Millennial Survey: 2022.
De Quervain, D., Aerni, A., Amini, E., Bentz, D., Coynel, D., Gerhards, C., … Zuber, P. (2021). The Swiss Corona Stress Study: November 2021.