Entretien avec Hanspeter Konrad, directeur de l’Association suisse des institutions de prévoyance (ASIP)
elipsLife echo: Monsieur Konrad, l’Association suisse des institutions de prévoyance (ASIP) représente les intérêts de plus de 900 caisses de pension différentes. Leurs intérêts sont-ils seulement conciliables?
Hanspeter Konrad: De nombreux aspects dans le domaine du deuxième pilier sont centraux pour tous, de la grosse fondation collective à la petite caisse de pension d’entreprise. Je pense notamment à la capitalisation, à la gestion paritaire par les partenaires sociaux ou plus généralement à l’attachement à un deuxième pilier collectif et solide.
L’Association des institutions de prévoyance a récemment demandé l’interdiction des commissions des intermédiaires dans le deuxième pilier. Pourquoi?
Les commissions font l’objet de discussions depuis des années. Nous n’avons rien contre les courtiers, mais plutôt contre leur mode d’indemnisation: est-ce que ce sont les fondations collectives et communes qui souhaitent croître et recherchent de nouvelles affiliations parmi les employeurs qui doivent payer les courtiers? Ou bien le mandant, donc l’employeur? Nous estimons qu’il serait plus pertinent que ce soit le mandant qui cherche une solution de prévoyance qui finance le courtier, et pas la caisse de pension. Il y aurait bien moins de risques de conflit d’intérêts.
Nombreux sont les acteurs du secteur de l’assurance à trouver qu’un tel changement de système avec l’interdiction des courtages irait trop loin. L’ASIP fait-elle ici cavalier seul?
Nous avons discuté de ce sujet de façon approfondie au sein de l’ASIP. Nous avons aussi été contactés par des caisses qui n’octroient pas directement de licence aux courtiers, et donc ne les rémunèrent pas directement, et n’obtiennent pas de mandats pour cette raison. Nous abordons maintenant la question avec les courtiers, avec l’Association Suisse d’Assurances et avec les partenaires sociaux. N’oublions pas que la réforme structurelle de 2011, qui a renforcé les dispositions relatives à la gouvernance et à la transparence dans la LPP, exige la transparence en matière d’indemnisation des courtiers vis-à-vis de l’employeur. Dans ce contexte, les indemnisations en fonction des volumes sont interdites. Or, nous constatons que cette transparence est appliquée de façon trop timide. C’est pourquoi il faut remettre en question et adapter le mode d’indemnisation.
Avec l’adoption du projet de réforme fiscale et de financement de l’AVS (RFFA), l’AVS va maintenant obtenir une aide financière de deux milliards, mais les problèmes structurels demeurent. Quelles sont selon vous les priorités pour la poursuite des réformes de l’AVS?
La question de la modification de l’âge de référence doit être abordée. Le Conseil fédéral le fera probablement à la fin de l’été avec le projet AVS 21. Ensuite, il faut mettre en place des systèmes incitatifs pour garder plus longtemps les employés dans la vie active, par exemple à travers diverses solutions de flexibilisation. Enfin, il faut aussi remettre la question du financement sur le tapis. L’adoption du projet RFFA a certes permis d’injecter plus de moyens dans l’AVS, mais les dépenses excessives demeurent. Il faudra donc à nouveau se poser la question de savoir si et de combien il serait possible d’augmenter la taxe sur la valeur ajoutée. Je n’imagine pas de nouvelle majoration des cotisations salariales puisque l’adoption du projet RFFA entraînera déjà une hausse de 0,3%.