Entretien avec Markus Lehmann, président de l’Association suisse des courtiers en assurance (SIBA)
elipsLife echo: Monsieur Lehmann, combien la Suisse compte-t-elle de courtiers en assurance?
Markus Lehmann: En mai 2019, 17 050 courtiers en assurance exactement sont inscrits au registre des intermédiaires d’assurance de la FINMA. 2 050 sont des personnes morales et 15 000 des personnes physiques. Parmi les 17 050 intermédiaires d’assurance, 9 375 sont liés, c’est-à-dire qu’ils sont au service d’une compagnie d’assurance, et 7 675 sont non liés: ce sont des courtiers en assurance classiques.
Combien d’entre eux sont membres de l’Association suisse des courtiers en assurance (SIBA)?
Actuellement, 85 entreprises sont affiliées à notre association. Elles totalisent pour leurs clients un volume de primes d’environ 10 milliards de CHF. La SIBA gère donc près d’un quart du volume total du marché.
L’Association des institutions de prévoyance (ASIP) veut faire interdire les commissions des intermédiaires dans le deuxième pilier. Elle estime que ce n’est plus aux caisses de pension mais aux employeurs de rémunérer les courtiers. Le Conseil fédéral semble partager ce point de vue. L’ASIP et le Conseil fédéral justifient ce besoin de changement par l’existence de fausses incitations et de possibles conflits d’intérêts. Qu’en pensez-vous?
Nous voyons les choses autrement. Les arguments avancés ne tiennent pas debout. Le Conseil fédéral a fait une déclaration plutôt prudente en réponse à une interpellation et veut encore examiner de plus près la question de l’interdiction des courtages, ce qu’il fera lors de la prochaine révision globale de la LPP. C’est au plus tard à ce moment-là qu’il se rendra compte que les problèmes de la prévoyance professionnelle en Suisse ne sont pas liés au mode de paiement des prestataires et qu’ils se situent à un tout autre niveau.
À quel niveau?
Plus de 1 000 milliards de CHF sont actuellement placés mais ne rapportent aucun intérêt du fait de la situation extrêmement difficile sur les marchés. Par ailleurs, le taux de conversion, qui est bien trop élevé, et le taux d’intérêt minimal, trop élevé lui aussi, entraînent une répartition des jeunes vers les plus âgés. Chaque année, entre 4 et 7 milliards sont redistribués, ce qui n’était pas stipulé dans la LPP. Ce sont là les vrais problèmes de la LPP, et pas les courtages versés aux courtiers.